La retraite à 66 ans
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- Publié le lundi 19 mai 2014 18:54
Hollande annonçait dans ses 60 propositions pour l'élection présidentielle : «Je ferai en sorte que tous ceux qui ont 60 ans et qui auront cotisé la totalité de leurs annuités retrouvent le droit de partir à la retraite à taux plein à cet âge-là.
Le décret du 2 juillet 2012, garantit en effet que tous les salariés qui ont commencé à travailler avant 20 ans et qui ont toute leur durée de cotisation nécessaire pour une retraite à taux plein pourront partir à 60 ans. Grâce à cette pirouette sémantique Hollande espère se faire passer pour le président qui maintient la retraite à 60 ans. Or seulement 60% des français arrivent à 60 ans avec la totalité de leurs annuités de cotisation (41,5 ans). Mais dans un second temps la réforme de Hollande rallonge la durée de cotisation. Celle-ci augmentera d'un trimestre tous les 3 ans, jusqu'à 43 ans en 2035.
Quelle sera la traduction de cette réforme dans les faits? Hollande en fait lui même le décryptage dans un courrier adressé à la Commission européenne : « À terme, un assuré qui débute sa carrière à 23 ans (c'est la moyenne en France) ne pourra partir à la retraite au taux plein qu'à partir de 66 ans. Ainsi, l'âge légal de départ est maintenu à 62 ans, mais l'âge effectif de départ à la retraite, qui constitue le critère déterminant au regard de la soutenabilité des finances publiques, devrait augmenter mécaniquement». Quant à la fameuse « prise en compte de la pénibilité » vantée par le gouvernement, c’est presque une farce. Car une fois les calculs faits, on s’aperçoit que pour obtenir le maximum de bonus possible, c’est-à-dire deux ans de cotisations en moins pour accéder à une pension au taux plein, il faudra avoir été exposé pendant vingt ans à un poste de travail pénible ! Vingt ans : la moitié d’une carrière ! Si l’on n’est toujours pas mort après cela, on pourra donc « bénéficier » d’un départ anticipé de deux ans. Mais, attendez... 43-2= 41 ! C’est-à-dire le maintien de la situation actuelle! Quel progrès!
On connaît la chanson : "c'est bien normal de travailler plus longtemps puisqu'on vit plus longtemps". Avec le second couplet : "il y a de plus en plus de retraités et de moins en moins d'actifs, il faut donc travailler plus longtemps". Mais, primo, c'est précisément parce que l'on travaille moins longtemps que l'on vit plus longtemps. L'allongement de la durée de cotisation va très vite faire baisser l'espérance de vie en bonne santé, comme c'est déjà le cas en Allemagne (où l'âge de départ à la retraite est à 67 ans). Et secondo à propos du prétendu déséquilibre dans le financement des retraites (on annonce un déficit du régime des retraites de 16 milliards en 2040), rappelons que le PIB de la France est de 2000 milliards et que le gouvernement a en quelques jours accordé 20 milliards d’euros de crédit impôt compétitivité au patronat. Par ailleurs les exonérations de cotisations patronales pour les retraites atteignaient déjà 30 milliards d’euros en 2010. Alors, il n'y a d'argent que pour le patronat?
image : avec l'aimable autorisation de Lardon
