François Longérinas : SCOP, prenons le pouvoir !

Les Scop (sociétés coopératives et participatives), désignent les entreprises à statut Scop (société coopérative de production) et à statut Scic (société coopérative d’intérêt collectif). En cette fin d'année, elles sont au cœur de l'actualité. En effet, 2012 est l'année internationale des Scop pour l'ONU, le congrès national des Scop qui a lieu tous les 4 ans vient de s'achever à Marseille, et une loi sur l’Économie Sociale et Solidaire (qui sera présentée au printemps) est en cours d'élaboration. Et pourtant le fonctionnement de ces entreprises qui bénéficient d’une gouvernance démocratique est encore souvent méconnu... Soumises à l’impératif de profitabilité comme toute entreprise, les bénéfices sont prioritairement affectés à la pérennité des emplois et du projet d’entreprise.

 

 fl

François Longérinas est directeur de l’EMI (école des métiers de l'information), une société coopérative de formation située à Paris, il est secrétaire national du Parti de Gauche chargé de l’Économie Sociale et Solidaire et auteur de "Prenons le pouvoir, Coopératives, autogestion et initiatives citoyennes" (Ed. Bruno Leprince, 2012).

 

Le Canard Forgeron : Quelles sont les caractéristiques différenciant les Scop des autres types d'entreprise ?

François Longérinas : Il y a trois principes fondamentaux. Premièrement, la démocratie. La majorité des sociétaires d'une Scop doivent être salariés dans l'entreprise. La règle de la gouvernance, c'est un sociétaire, une voix. Donc les salariés sont majoritaires et président aux destinées de la Scop. Ce qui en fait généralement des salariés plus impliqués qu'ailleurs dans le projet d'entreprise.

Ensuite, le partage des richesses. Généralement, les statuts des Scop sont tels que les résultats dégagés sont distribués aux salariés ou réinvestis dans l'entreprise. On observe aussi des salaires qui s'échelonnent de 1 à 3 en moyenne !

Enfin, il y a généralement l'ambition d'une utilité sociale dans l'objet même de ces entreprises.

CF : En ces temps de crise, quels sont les principaux avantages des Scop ?

FL : D'abord, ce sont les règles de gestion des Scop qui font leur force. Pas d'actionnaires voraces ici ! Lorsqu'il y a bénéfice, un tiers voire un quart des résultats va aux sociétaires (qui, rappelons-le, sont majoritairement des salariés de la Scop). Le reste est distribué en participation aux salariés ou demeure dans la Scop sous forme de « réserves impartageables », qui sont les fonds propres de l'entreprise. Ces capitaux alimentent la trésorerie ou permettent d'investir.

Ensuite, on observe qu'il existe une certaine solidarité au sein du secteur. Les conditions financières proposées par le Crédit Coopératif, par exemple, sont avantageuses.

Si les Scop sont soumises comme les autres aux aléas de la conjoncture, elles ont donc des atouts singuliers à faire valoir...

CF : Quelles sont les conditions de réussite d'un projet de reprise en Scop ?

FL : Au delà des conditions financières et économiques, l'implication des futurs salariés me paraît être un point déterminant. La présence de syndicalistes dans leurs rangs peut être un atout car ce sont souvent des personnes très impliquées et motivées.

Un soutien local et l'appui des pouvoirs publics facilitent bien sûr le passage à l'acte. Si demain le droit de préemption pour les salariés se constituant en Scop était voté, ce serait évidemment une énorme avancée pour les Scop, et donc pour la démocratie en entreprise...

cflogo.png

Recherche

Inscription à la Newsletter

Pour recevoir votre Canard par mail, ainsi que les infos du site...

Contact

Pour écrire au Canard Forgeron, vous pouvez envoyer un mail à : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.