Comment lutter contre les licenciements ?

carre d as

Évidemment, lorsque votre emploi est menacé, vous pouvez toujours attendre que l'on décide à votre place. Espérer qu'un repreneur veuille bien investir pour la moitié de son prix dans votre entreprise et « sauve » au passage quelques emplois. Attendre calmement la procédure de liquidation judiciaire. Que le plan de sauvegarde de l'emploi (novlangue désignant ce qu'auparavant on nommait « plans de licenciement ») soit décidé. Surtout continuer la production, pour ne fâcher ni les clients, ni les patrons. Et pas touche à l'appareil productif : la propriété, c'est sacré. La valeur de l'outil de production sert d'abord à réparer le « préjudice financier » avant d'indemniser les hommes.

L'alternative c'est la lutte, la résistance. C'est à la fois le point commun et le point de départ des solutions à disposition des salariés qu'on menace de licencier. La bagarre donc, voilà la deuxième solution. Soyons clairs, ce n'est pas simple. Il n'est pas aisé de lutter contre les professionnels du camp d'en face. Actionnaires, DRH et autres stratèges en restructuration ont leurs objectifs propres, et ils coïncident rarement avec ceux des salariés... Le chômage est vu là-bas comme un outil pour faire baisser le prix de la main d’œuvre et les licenciements comme un mal nécessaire pour augmenter la rentabilité (de nos jours, on préfère parler de compétitivité).

A trop faire le mouton, on finit tondu. Et si la lutte ne permet pas toujours les miracles, elle permet au moins à celui dont on méprise le travail de conserver sa dignité. D'autant que la résistance peut être couronnée de succès. Voici quelques options qui vous permettront, peut-être, de sauver votre emploi :

 

greve

Leçon n°1 : Attaquer au porte-monnaie

La grève, l'occupation :

Bien entendu, s'attaquer aux intérêts économiques de l'actionnaire est très efficace. Une solidarité sans faille est nécessaire, mais la menace de bloquer l'activité peut s'avérer payante. Prenons l'exemple de l'Université de Jussieu, qui pour sauver l'emploi des femmes de ménages a stoppé son activité (deux semaines ont suffit pour la réintégration pleine et entière des 30 personnes concernées).

justice

Leçon n°2 : Défendre ses droits

La bataille juridique :

Il n'est pas rare que l'employeur ne respecte pas le droit des personnes dont il souhaite se débarrasser. Lorsque c'est le cas, il faut bien sûr porter des actions en justice. Nombreuses sont les entreprises condamnées pour licenciement sans motif économique sérieux. Ces actions permettent de gagner du temps voire d'annuler les licenciements. On peut citer les sodimédicales, qui ont fait condamner leur employeur à plusieurs reprises ou récemment les salariés de Conforama qui ont réussi à faire annuler un plan social devant le TGI de Meaux.

medias

Leçon n°3 : Mettre la pression

La médiatisation :

C'est une arme très puissante qui permet de mobiliser citoyens et élus autour de vos ennuis. Et les faire venir à la table des négociations. Difficile à obtenir, c'est un atout important pour faire aboutir les revendications. Les Fralib par exemple, ou bien les salariés d'Albany-Cofpa (qui ont fait annuler un plan de licenciement pendant la campagne présidentielle) ont su en profiter.

scop

Leçon n°4 : Proposer des alternatives

La reprise par les salariés :

Et si on devenait nos propres patrons ? La constitution des salariés en Scop est une alternative de plus en plus crédible et intéressante. C'est un chemin semé d'embûches, certes, mais le jeu en vaut la chandelle (voir page suivante). Les exemples récents de Fontanille ou d'Hélio Corbeil, une imprimerie de l'Essonne, en témoignent.

national

Leçon n°5 : Sauver les activités stratégiques

La nationalisation ?

Ce n'est pas un outil directement entre les mains des salariés, mais c'est une solution de plus en plus évoquée. Pour les activités dont la sauvegarde est stratégique pour le pays, l'intervention de l’État n'est-elle pas naturelle ? On pense à Pétroplus, aux chantiers navals, à Arcelor-Mittal à Florange... Obama ne l'a-t-il pas réalisée pour General Motors ?

Et les syndicats ? Ils sont bien sûr la clé de voûte de ces luttes. Il est bien difficile de s'organiser sans eux, sans leur expérience, leur connaissance de la loi, leurs réseaux et leur expertise socio-économique.

 

« Mais si les difficultés économiques sont réelles, objectera-t-on, il n'y aura pas de miracle ! »

Vous remarquerez que les personnes qui perdent leur emploi sont rarement celles qui ont pris les mauvaises décisions de gestion, d'investissement ou de stratégie, alors que ce sont celles qui souffrent le plus des situations de défaillance d'entreprise. Alors quand les banques, investisseurs et clients font valoir leur manque à gagner, les salariés, qui eux aussi ont signé des contrats (de travail) non respectés, doivent pouvoir recevoir les justes indemnités correspondant à leur préjudice. Et là aussi, seule la lutte permet d'obtenir du temps et des compensations raisonnables.

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