Le Canard Forgeron au « Pays des Soviets »

Tintin au pays des Soviets, le premier album d'Hergé est sorti en 1930. La BD est ouvertement anticommuniste, alors que son auteur n'était jamais allé en Russie. Tandis que le Front de Gauche est sans cesse taxé d'irresponsabilité ou d'extrémisme, le Canard Forgeron, lui, s'est rendu dans la plus proche ville gérée par un maire communiste : Roissy-en-Brie. Sur place, on s'aperçoit vite que les 22500 habitants de la ville ne sont pas d'affreux bolcheviks mangeurs d'enfants, le couteau entre les dents. En fait, en 5 ans, la ville change, attire de nouveaux habitants, la création d'entreprises y a explosé (multiplication par 3), la délinquance a baissé (sans aucune caméra de vidéo surveillance), et il n'y a eu aucune  hausse d'impôts... Sylvie Fuchs est la maire de Roissy-en-Brie, élue à la surprise générale en 2008. Avec son équipe, malgré un budget restreint (faute de ressources), elle a révolutionné un certain nombre de pratiques. Le Canard Forgeron l'a rencontrée pour un entretien... 

Sylvie Fuchs, maire de Roissy-en-Brie

Le Canard Forgeron : Quelles sont les principales réalisations de votre mandat?

Sylvie Fuchs : Nous nous sommes attaché à développer les services rendus à la population, en  élargissant les horaires d'ouverture de la mairie par exemple. Ou en en créant de nouveaux. Nous avons aussi créé un service « action économique », pour dynamiser l'activité économique, la création d'entreprise. Résultat, le nombre d'entreprises... , la vacance des locaux commerciaux et industriels a baissé de manière spectaculaire : le taux de remplissage est passé de 60 à 87.7% ! Et ce n’est pas fini : de grandes enseignes vont bientôt venir s’installer sur la zone de Roissy Sud. Nous avons mené une politique de démocratisation d'accès à la culture vraiment ambitieuse : création d'un service Jeunesse, création d'une très belle bibliothèque municipale, gratuite pour les habitants, mise en place d'une saison culturelle, création du Festival du Polar et de Roissy-en-Vacances, pour ne citer que les plus emblématiques. Enfin, outre la nécessaire réhabilitation d'une grande partie du patrimoine municipal, il y a eu de nombreux travaux d'entretien de voirie : déjà 3 fois plus que sous la précédente mandature ! Le tout avec un souci constant des aspects environnementaux : installation de plusieurs chaudières à bois, de puits canadiens, travail sur les liaisons douces, adaptation de la luminosité de l'éclairage public, etc. Aujourd'hui, nous construisons le gymnase que les associations sportives de la ville avec qui nous avons travaillé l'ensemble du projet, attendaient. 


CF : Comment réaliser ces dépenses? Vous avez dû vous endetter?  

SF : Non! Au contraire, nous avons même réussi à réduire l'endettement de la commune. En fait, nous considérons que chaque euro dépensé doit être socialement utile. Il ne s'agit pas de couper brutalement dans la dépense publique en supprimant des services publics utiles à la population, mais plutôt de rationaliser, d'optimiser le fonctionnement des services. Par exemple le budget communication a été réduit de 20% en revoyant les contrats d'impression dispendieux signés avant notre arrivée. Et lorsqu'on veut être rationnel, on se rend compte qu'un certain nombre de services sont mieux gérés lorsqu'ils sont municipalisés ou mis en régie que lorsqu'ils sont confiés au privé. Par exemple, le service de restauration scolaire a été confié au SIRESCO, un syndicat intercommunal. Non seulement les coûts ont baissé, mais la qualité des repas s'en est vu améliorée! 

Roissy-en-Brie

 

CF : C'est ainsi que vous menez une gestion de gauche? 

SF : Pas uniquement. Certes, le retour au public permet souvent de faire des économies et de gagner en qualité. Par exemple nous étudions avec notre communauté d'agglomération la possibilité de faire passer en régie les services eaux et assainissement. Autre exemple : sur le logement, nous avons re-municipalisé le service. Et nous avons d'autres leviers : nous tâchons de garder la maîtrise des fonciers et de ne pas laisser le terrain aux mains des promoteurs. Et nous avons agi auprès des bailleurs sociaux pour la réhabilitation de leurs parcs de logements sociaux : les factures d'énergies et donc les charges des locataires devraient baisser, et les loyers n'augmenteront pas. Le cadre de vie s'améliore, mais cela n'efface pas la crise. Une gestion de gauche en ce moment, c'est aussi affronter la crise. 

CF : Mais la commune n'a pas les compétences pour intervenir sur les politiques de l'emploi... Comment gérer cette crise ?

SF : Nous faisons de notre mieux. Outre les création d'emplois, nous essayons d'aider les gens à affronter notre époque. En augmentant chaque année le budget du Centre Communal d'Action Sociale, en intégrant des clauses éthiques, environnementales mais aussi sociales dans les marchés publics, en généralisant le principe du quotient familial (pour le Conservatoire de musique, par exemple).  

CF : Et la citoyenneté ? 

SF : Nous avons créé un service citoyenneté et vie associative, mis en place des permanences en mairie pour rencontrer les citoyens. Mais surtout, nous avons instauré une réelle démarche de démocratie participative . Dès la première année de notre mandat, nous avons organisé une grande réunion publique pour tous les roisséens : « Le Grand Remue-Méninges ». Devant le succès incroyable de la méthode (500 personnes ont participé), nous avons réitéré fréquemment et périodiquement : assises thématiques, réunions de quartier... Cette méthode de concertation est extrêmement appréciée. C'est aussi comme cela qu'on redonne le pouvoir au citoyen !

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