Le député répond au Canard Forgeron

Nous vous annoncions dans notre dernière édition qu'Eduardo Rihan-Cypel, le député de la 8ème circonscription de Seine-et-Marne (celle de Ferrières-en-Brie), avait été questionné par des militants communistes de Roissy-en-Brie sur son futur positionnement lors du probable vote pour le Traité Européen. Ces derniers lui avaient remis en main propre une lettre ouverte, à lire ici.


Le stand du Canard Forgeron au "troc et puces"De passage au Troc et Puces de Ferrières, il n'a pas hésité à s'arrêter sur le stand du Canard Forgeron, où il a naturellement été questionné sur le sujet.

M. Rihan-Cypel s'est d'abord attaché à défendre le début du quinquennat de François Hollande. Même s'il a reconnu que le Président socialiste n'avait pas changé une ligne au traité négocié par Sarkozy, il a indiqué qu'il voterait le Traité Européen. Il s'est également prononcé contre un référendum sur ce traité, arguant que M. Hollande avait été élu pour le mettre en place.

Signataire de la lettre des 77 députés socialistes appelant à légiférer rapidement pour autoriser le vote des étrangers (initiative qu'il n'a pas semblé regretter malgré les remous provoqués au sein de la majorité), il a par ailleurs rappelé son attachement à lutter contre le cumul des mandats.

Eduardo Rihan-CypelConcernant le Traité Européen, notre député n'est malheureusement pas à une contradiction près, puisque se déclarant contre l'austérité, il contribuerait par son vote à instituer tous les outils pour la mettre en place. Il s'est par exemple félicité de la nouvelle position de Mario Draghi de la Banque Centrale sur la dette des pays européen, faisant mine d'ignorer que ces nouvelles mesures permettraient la mise en œuvre de l'austérité "dans le calme" (pour l'instant). Quant à la règle d'or, inscrite dans le traité, il se réjouissait qu'elle ne soit pas constitutionnalisée mais seulement mise en place via une loi organique. On pourrait traduire sa position ainsi : c'est une mauvaise mesure que je vais voter, mais rassurez-vous, elle ne sera pas dans la Constitution!

Pour défendre la position du gouvernement, il s'est réjoui du volet "croissance" négocié par Hollande, même si celui-ci ne sera que de 120 milliards (c'est-à-dire peu de chose au regard des 14000 milliards d'euros de PIB de l'Union Européenne). La stratégie défendue par M. Cypel consisterait à défendre les positions socio-démocrates européennes, afin de changer l'Europe. La possible mise en place en 2014 d'une taxe sur les transactions financières par exemple, défendue par le Président PS, irait dans cette direction.

Malheureusement la question du transfert de souveraineté ainsi que les caractéristiques complètement antidémocratiques des institutions créées par le traité n'ont pas semblé l'émouvoir.

Le fait que tous les partis de gauche (le Front de Gauche, les Verts, l'extrême-gauche) et la grande majorité des syndicats se prononcent contre le Traité, isolant la position du Parti Socialiste (qui, rappelons-le, n'a réuni sur son nom que 10 millions de voix sur 46 millions d'inscrits au premier tour de l'élection présidentielle), infléchira-t-il la décision de notre député? Il faudrait pour cela résister à la discipline de son parti, ce qui ne parait pas évident (certains y arrivent après tout).

Pour vous renseigner davantage sur le Traité Européen, connu sous le nom de TSCG (Traité pour la Stabilité, la Cohésion et la Gouvernance), ou Pacte Budgétaire, vous pouvez lire les contenus suivants :

Le texte du Traité
L'article de wikipedia sur le TSCG
Politis - TSCG : un texte indéfendable
Vidéo : MES et TSCG on va vous faire un dessin
Vidéo : Référendum contre le TSCG
Article de F. Lordon : en sortir
Rue 89 : application sur le TSCG