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La chanson de Craonne

La cérémonie de célébration du 11 novembre à Ferrières est l'occasion de revenir sur une mutinerie historique et un chant contestataire.

monument aux mortsA Ferrières, 20 jeunes hommes ont payé de leur vie l'engagement de la France dans le premier conflit mondial entre 1914 et 1918. 20 jeunes garçons, le tribut est lourd surtout pour une petite commune qui ne comptait pas plus de 800 habitants à la veille de la guerre. Le 11 novembre est un moment de mémoire, un temps pour se souvenir du destin de tous ces hommes sacrifiés sur l'autel des rancunes nationales, des alliances politiques et de l'aveuglement militaire. Les 20 jeunes ferrierois font partit des 1,5 millions de morts français. Face à cette terrible boucherie, ces pertes immenses, certains se sont insurgés. 1917 fut l'année d'un nombre important de mutineries. Des soldats qui face aux ordres absurdes (notamment lors de l'offensive du Chemin des Dames1), aux conditions insoutenables ont décidé de désobéir en refusant de monter au front en scandant des « A bas la guerre! ».

 

Leur désobéissance s'incarne dans un chant : la chanson de Craonne, composée par un inconnu sur un air populaire de valse.


Paroles : Anonyme ; Musique : Charles SABLON ; interprétée par M. Ogeret

Ce chant antimilitariste s'est très vite diffusé dans les tranchées. Interdit par l'État Major, il faut attendre 1974 pour l'entendre sur les chaines publiques.

Le bilan des mutineries, qui touchèrent 1/3 des régiments, fut particulièrement sévère : 3500 condamnations dont plus de 500 à la peine capitale.

Cependant la chanson de Craonne ne quitta pas les tranchées, elle continua a être entonnée ou sifflotée, en signe de bravade par les poilus, jusqu'à la fin de la guerre et même bien après.

1De nombreux régiments figurant sur le monument aux morts de Ferrières étaient présents au Chemin des Dames

 

Mermet

 

 

Pour aller plus loin :

Emission sur la Chanson de Craonne et les mutins de 1917, dans l'émission Là bas si j'y suis sur France Inter

 

 

Paroles de la chanson de Craonne

Paroles diffusées par le communiste Paul Vaillant-Couturier

Quand au bout d'huit jours le r'pos terminé
On va reprendre les tranchées,
Notre place est si utile
Que sans nous on prend la pile
Mais c'est bien fini, on en a assez
Personne ne veut plus marcher
Et le cœur bien gros, comm' dans un sanglot
On dit adieu aux civ'lots
Même sans tambours, même sans trompettes
On s'en va là-haut en baissant la tête

- Refrain :
Adieu la vie, adieu l'amour,
Adieu toutes les femmes
C'est bien fini, c'est pour toujours
De cette guerre infâme
C'est à Craonne sur le plateau
Qu'on doit laisser sa peau
Car nous sommes tous condamnés
Nous sommes les sacrifiés

Huit jours de tranchée, huit jours de souffrance
Pourtant on a l'espérance
Que ce soir viendra la r'lève
Que nous attendons sans trêve
Soudain dans la nuit et dans le silence
On voit quelqu'un qui s'avance
C'est un officier de chasseurs à pied
Qui vient pour nous remplacer
Doucement dans l'ombre sous la pluie qui tombe
Les petits chasseurs vont chercher leurs tombes

- Refrain -

C'est malheureux d'voir sur les grands boulevards
Tous ces gros qui font la foire
Si pour eux la vie est rose
Pour nous c'est pas la même chose
Au lieu d'se cacher tous ces embusqués
Feraient mieux d'monter aux tranchées
Pour défendre leur bien, car nous n'avons rien
Nous autres les pauv' purotins
Tous les camarades sont enterrés là
Pour défendr' les biens de ces messieurs là

- Refrain :
Ceux qu'ont l'pognon, ceux-là r'viendront
Car c'est pour eux qu'on crève
Mais c'est fini, car les trouffions
Vont tous se mettre en grève
Ce s'ra votre tour messieurs les gros
De monter sur l'plateau
Car si vous voulez faire la guerre
Payez-la de votre peau

 

 

 

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